Utiliser les scènes de clowns

​Un déroulé pour les empêchements

Voici notre proposition, à décliner selon votre personnalité, votre classe, etc.

1) Choix d’un empêchement. Pourquoi pas avec les élèves ?

2) Visionnage de la situation initiale d’empêchement en vidéo. Echange avec la classe sur la compréhension des enjeux.

3) Visionnage de chaque émotion donnée par les clowns. S’arrêter après chacune et échanger avec les élèves sur leur ressenti face à cette émotion.

4) Echange avec la classe sur les moments où ils avaient ressenti ce sentiment d’empêchement, eux aussi, comme les clowns.

5) Echange sur une question plus large : « Pourquoi parfois (dire l’empêchement) ? Exemple : Pourquoi parfois, a-t-on peur de rater / a-t-on la flemme / nous sentons-nous nuls ? / etc.

6) Visionnage des solutions clownesques. Qu’en pensent-ils ?

7) Recherche de solutions adaptées à la classe, à partir de ce qui s’est dit en 4.

Exemple chez Y, autour de l’empêchement « Je me sens nul » : En creusant autour de nos solutions et en cherchant à les appliquer aux élèves qui témoignaient en direct de leur sentiment de « nullité », nous sommes arrivé à une solution pratique à mettre en place rapidement : l’affichage avec 3 colonnes avec des prénoms, sur une porte ou un panneau, avec sur une colonne « Je me sens nul » (par exemple), sur une deuxième « Je peux t’aider », sur une troisième « Moi aussi. »

8) Nous pouvons finir par un moment philo à partir des questions proposées par les clowns (ou non), par un moment d’écriture dans un cahier que j’ai personnellement appelé « Cahier pour penser », par un temps de création à partir de tout ce qui s’est dit, ou enfin, par un moment de théâtre-forum, à partir d’un des témoignages d’élèves. »

 

Conseils complémentaires

Ces quarante-et-un empêchements clownesques constituent un vrai matériau de partage, de réflexion, voire de possibilité de changement chez les élèves. Ils ont été choisis grâce à la réflexion d’un groupe de travail qui a conçu un tableau des empêchements.

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A chacun de s’en emparer dans le contexte de son activité enseignante ou plus largement d’éducation.

Nous vous proposons cependant quelques éléments de réflexion :

– Nous vous conseillons d’inscrire l’étude de ces empêchements dans l’emploi du temps de votre classe, de façon à ritualiser ce moment et à lui donner toute son importance.

– Nous vous conseillons de ne pas réserver ces « empêchements à apprendre » aux élèves dits en difficulté, car la difficulté peut cohabiter avec une apparente réussite scolaire. De plus, le risque de stigmatisation des « mauvais » élèves pourrait alors advenir.

– Nous préconisons une approche de chaque empêchement en plusieurs temps :

1 – La découverte par les élèves de la situation vécue par les clowns et de leurs émotions, ce qui va permettre une appropriation ludique du problème, puis son déplacement vers le vécu scolaire des élèves, soit par un échange oral, soit par du passage à l’écrit individuel. L’essentiel étant que la parole de chacun soit volontaire et non évaluée.

2 – La découverte de chaque solution clownesque, ce qui permettra un échange sur l’intérêt de leurs solutions, mais aussi l’émergence de propositions et idées venant du groupe-classe lui-même. Avec la possibilité de les transmettre sur ce site.

3 – Le visionnage des questions des clowns, ce qui pourra ouvrir sur des moments de réflexion collective autour des questions intéressant en priorité les élèves.

Et si vous souhaitez recevoir une clé usb contenant toutes les scènes des empêchements de clowns, envoyez un chèque de 25 euros à l’ordre de « Association Rebon’dire » accompagné de votre adresse postale à l’adresse suivante : Association Rebon’dire. Chez Daniel Gostain. 3 place de la Baleine. 92290 Châtenay-Malabry.

 

Témoignage d’utilisation 

Je travaille en Belgique, à Ixelles, dans un contexte d’intégration maximisée, c’est-à-dire qu’on est deux enseignants à temps plein dans la classe, en permanence, parce qu’on a six enfants intégrés. Normalement ce sont des enfants qui devraient être dans l’enseignement spécialisé.

Je suis en équivalent CM1 et CM2 et je garderai mes élèves l’année prochaine en sixième. C’est une classe très difficile, avec des enfants qui vivent très mal les différences de niveau. Petits, ils ne sentaient pas trop qu’il y avait autant de différences, mais en grandissant, ça leur est devenu difficile de sentir cet écart.

Aussi, nous avons décidé de travailler sur les « empêchements à apprendre » avec les outils vidéo du site proposés par la compagnie de clowns « Tape l’incruste » : Le site des empêchements. On n’a pas montré beaucoup de vidéos, parce que je voulais qu’ils mènent leur propre cheminement dans la recherche de leurs empêchements à apprendre. On les a simplement évoqués avec eux, avec la question principale : Qu’est-ce qui à votre avis peut empêcher d’apprendre ?

Et nous avons travaillé là-dessus. J’ai montré quand même en parallèle une ou deux vidéos des clowns : « J’ai besoin de bouger » et « J’ai peur de rater ». Nous n’avons regardé que les situations de base des clowns empêchés. On s’est bien sûr interrogé sur ce qu’ils avaient compris et sur le message qui était passé.

Là-dessus, ils ont eu envie d’en créer par rapport à leur vécu. Ils se sont mis en petits groupes et ils ont créé par équipes de nouvelles scènes d’empêchements à apprendre, sous une forme plus théâtrale que clownesque. Chaque équipe s’était constituée par empêchement, ils ont bâti une petite scène et se sont filmés. Notre idée de base était de présenter ces vidéos au reste de l’école. Comme empêchements, il y avait le stress, la peur de ne pas pouvoir répondre, le fait de penser à autre chose, l’envie qui n’est pas là. Ils ont eu beaucoup envie de parler de ce qu’il y avait dans leur tête, donc beaucoup de scènes se rapprochaient. Ils ont joué les scènes devant les autres, et tout le monde a fait des commentaires, pour pouvoir améliorer les choses, mais aussi à chercher quelles solutions on pouvait apporter.

Ce travail a fait changer beaucoup de choses : ça a calmé beaucoup d’enfants, en montrant que ce n’était pas obligatoirement de leur faute, lorsqu’ils arrivent en classe et qu’ils n’arrivent pas à travailler, que c’était juste un empêchement. Et ils ont trouvé des solutions, qu’on a appliquées en classe. Les enfants ont adoré, ils voulaient faire ça tout le temps. Il y a des enfants qui ont été libérés de pouvoir montrer ce qui leur pose problème.

Nous avons une élève en classe qui est en très grosse difficulté scolaire. Par exemple, il faut écrire ses calculs pour qu’elle puisse les résoudre, parce que tant que ce n’est pas bien écrit, elle ne les fera pas. Elle a joué une scène sur le stress, sous forme de jeu télévisé. J’ai senti que ça a eu un impact pour elle, notamment quand on en a discuté ensemble, parce que les autres commençaient à la comprendre. Ça l’a soulagée très fort. Elle a pu exprimer son mal-être en passant par les clowns.

Cette année, nous continuerons, en passant aussi par des questions philosophiques.

Carole Geerinck​