Echanger sur nos pratiques

Ce site n’est porté que par une ambition : qu’il serve de support à toutes sortes d’expérimentations pédagogiques avec vos élèves pour atténuer leurs empêchements.

 

Des exemples en classe

Yves P, un copain du mouvement Freinet, et moi-même avons entamé l’année sur les empêchements à apprendre (vous trouverez aussi plus bas comment Jean-Charles H. les a abordés l’an passé)

Or, nous avons régulièrement des demandes sur comment faire avec les enfants. Voici notre proposition, à décliner selon votre personnalité, votre classe, etc.

1) Choix d’un empêchement. Pourquoi pas avec les élèves ?

2) Visionnage de la situation initiale d’empêchement en vidéo, soit à partir du site, soit à partir des DVD qui ont été faits pour ceux qui n’ont pas de connexion internet en classe. Echange avec la classe sur la compréhension des enjeux.

3) Visionnage de chaque émotion donnée par les clowns. S’arrêter après chacune et échanger avec les élèves sur leur ressenti face à cette émotion.

4) Echange avec la classe sur les moments où ils avaient ressenti ce sentiment d’empêchement, eux aussi.

5) Visionnage des solutions clownesques. Qu’en pensent-ils ?

6) Recherche de solutions adaptées à la classe, à partir de ce qui s’est dit en 4.

Exemple chez Yves, autour de l’empêchement « Je me sens nul » : En creusant autour de nos solutions et en cherchant à les appliquer aux élèves qui témoignaient en direct de leur sentiment de « nullité », nous sommes arrivé à une solution pratique à mettre en place rapidement : l’affichage avec 3 colonnes avec des prénoms, sur une porte ou un panneau, avec sur une colonne « Je me sens nul » (par exemple), sur une deuxième « Je peux t’aider », sur une troisième « Moi aussi. »

7) Nous pouvons finir par un moment philo à partir des questions proposées par les clowns (ou non), par un moment d’écriture dans un cahier que j’ai personnellement appelé « Cahier pour penser », par un temps de création à partir de tout ce qui s’est dit, ou enfin, par un moment de théâtre-forum, à partir d’un des témoignages d’élèves. »

Et voici comment Jean-Charles a abordé les empêchements l’année passée :

Le témoignage de l’utilisation des scènes de clowns à l’école :

Dans ma classe de cycle 3, nous avons l’habitude d’utiliser régulièrement les scènes de clowns.

Ce que nous faisons :
Toutes les six semaines, après le repas de midi, nous nous retrouvons, avec l’animatrice référente de notre classe, pour visionner chaque jour une scène de clowns et en discuter. Nous le faisons avec notre animatrice car cela me semble important de partager ensemble : enfants, enseignant et animatrice ce temps d’échanges qui porte sur la vie en général et pas que la vie de classe.

Le choix des scènes :
– deux scènes choisies par les enfants
– une scène par l’animatrice
– une scène par l’enseignant.

Pour le choix des scènes par les enfants, un temps, en classe, est réservé la semaine précédente pour regarder les thèmes proposés.
Deux enfants animent la discussion jusqu’à la prise de décision : le choix des deux sujets à visionner.

Nous visionnons la scène.
A la fin du visionnage, nous avons un temps libre d’échanges.
Puis nous regardons les questions que les clowns ont proposés et nous avons un temps d’échanges sur ces questions.
Enfin, nous regardons les solutions des clowns et nous avons un temps de réactions à ces solutions.

Il nous arrive parfois de prolonger les discussions en classe, soit dans la journée, soit dans la semaine ou même plusieurs semaines après.
Dans ces cas, nous reformulons le thème, nous écrivons des questions et nous y réfléchissons.
Le jour venu, le débat a lieu comme tous les autres débats de la classe :
– une animation par deux ou trois enfants
– une prise de notes
– la réalisation d’un compte rendu donné à chacun-e d’entre-nous et-ou mis en ligne sur le blog de la classe, envoyé à nos ami-e-s et correspondant-e-s.
Nous invitons à ces débats notre animatrice.

Lors d’une des réunions de la classe, ce travail est présenté aux parents.
Nous visionnons ensemble les vidéos sur un sujet et il y a toujours des échanges à l’issue du visionnage.

Certains parents regardent plusieurs scènes ou toutes les scènes, certains en regardent et en discutent avec leurs enfants.

Notre animatrice a fait une présentation de ce travail à l’équipe d’animation.
Ce sera peut-être utilisé par d’autres cette année.

Même chose au niveau de l’équipe enseignante…

Le Temps des Penseurs

Travailler les empêchements à apprendre peut s’inscrire dans un dispositif plus large appelé « Temps des Penseurs ». En voilà le descriptif :

Le principe : Il s’agit d’inscrire dans l’emploi des temps un moment quotidien consacré à une réflexion sur la classe, sur l’apprentissage (ce qui le favorise et ce qui l’empêche), et plus largement sur le monde, en lui donnant la même importance que celui voué aux temps disciplinaires.

Ce temps ritualisé, reprenant pour partie des principes et dispositifs de la pédagogie Freinet, pourrait faciliter un développement global de chacun et donner de la force et de la permanence aux savoirs acquis.

Je propose pour ce « temps des penseurs », une séance par jour, comme dans l’exemple ci-dessous. Il va de soi que tous les autres moments doivent être dans le même état d’esprit : un apprentissage en vie et envie.

A chacun bien sûr de s’en emparer selon un naturel propre à soi-même et à la classe.

Dans cet esprit : http://pedagost.over-blog.com/2014/09/transmettre-apprendre.html

Un exemple d’emploi des temps hebdomadaire avec le « temps des penseurs »

1) Penser l’apprentissage (une séance hebdomadaire, deux étapes)

Première étape :

Un atelier de réflexion collective dans l’esprit des ateliers philo-Lévine sur le thème suivant :

– « Pourquoi apprenons nous à dessiner/lire/compter/mesurer/écrire/découvrir l’espace/connaître le temps… ? »

Deuxième étape (semaine suivante) :

– « Pourquoi parfois nous n’arrivons pas à aimer dessiner/lire…. ? »

– Demander à la classe ceux qui parmi les élèves n’aiment pas dessiner/lire/etc., et ensuite ceux qui pensent ne pas bien savoir dessiner/lire/etc. Lister les prénoms au tableau.

– Former des duos ou trios avec pour chacun un tuteur volontaire, chargé de contribuer à faire aimer ou à simplement aider à dessiner/lire/etc.

En savoir plus :

http://pedagost.over-blog.com/2014/12/penser-l-apprentissage.html

2) Penser les empêchements à apprendre (une séance hebdomadaire, deux étapes)

Première étape :

– Visionnage d’une situation d’empêchement vécue par les clowns à partir de ce site www.empechementsaapprendre.com (ou à l’aide de dvd qui comportent ces scènes) Echange autour de cette situation.

– Nous rejouons la scène en classe puis recherchons des solutions à l’empêchement vécu par le/les personnage(s)-clown(s). Soit par du théâtre-forum, soit par un échange oral, soit par du dessin…

Deuxième étape (semaine suivante) :

– Revisionnage de la scène initiale d’empêchements.

– Nous visionnons les solutions des clowns. Echange autour de leurs solutions.

– Visionnage des questions des clowns.Choix d’une de leur questions, puis atelier de philosophie à partir de cette question (ou non) (cf chapitre 5, ci-dessous)

En savoir plus :

http://pedagost.over-blog.com/2014/11/utiliser-les-scenes-de-clowns-sur-l-empechement-en-classe.html

3) Penser la classe (une séance par semaine)

– Conseil de classe centré sur les propositions pour « améliorer » la classe et l’école.

La classe est disposée en cercle pour permettre l’échange. Il y a un secrétaire du groupe pour noter les propositions et prises de décision et un animateur pour donner et réguler la parole. -Nous commençons par un point sur les conseils précédents et ce qui a été suivi ou pas d’application. Puis, la parole est donnée aux propositions nouvelles.

– Conseil de classe centré sur les relations dans la classe : félicitations et critiques

Des boites ou autres supports muraux à félicitations/critiques sont dans la classe et accueillent les expressions des élèves, tout au long de la semaine.

Ce temps de conseil peut s’accompagner d’un travail complémentaire sur les « messages clairs » et formation de médiateurs (cf travaux de Sylvain Connac à ces sujets)

En savoir plus :

http://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/15362

4) Penser le monde (une séance par semaine, plutôt après le we)

Ce temps est divisé en deux temps :

1) Nous répondons collectivement à la question votée de la semaine précédente.

2) Nous choisissons une question pour la semaine suivante :

– J’écris six questions au tableau proposées par les enfants ce jour-là (je ne les écris pas en entier, mais avec un ou deux mots-clés) puis nous procédons au vote à main levée de la question de la semaine.
Ensuite, les enfants recopient entièrement la question votée pour pouvoir mener une recherche à la maison.

– Voilà quelques sujets abordés depuis le début de l’année :– Comment la Terre a été créée ?– Comment arrive l’électricité ?– Pourquoi les chiffres s’écrivent ainsi ?

– Pourquoi les animaux parlent autrement que les hommes ?
– Comment se fait un arc-en-ciel ?
– Pourquoi il y a-t-il de la poussière ?
– Pourquoi les arbres nous aident-ils à respirer ?
– Qu’est-ce qu’il y a après l’infini ?

En savoir plus :

http://pedagost.over-blog.com/2014/11/un-moment-de-questionnement-en-cp-ce1.html

http://pedagost.over-blog.com/2014/05/nos-questions.html

5) Penser la condition humaine (une séance par semaine)

Nous reprenons là l’intitulé des ateliers de philosophie et de psychologie proposés par Jacques Lévine et l’Agsas (http://agsas.fr/les-ateliers-de-reflexion-sur-la-condition-humaine).

Contenu de la séquence : Un moment de classe où le groupe classe réfléchit et échange collectivement sur une grande question de la condition humaine.

Modalités de cette séance (10-15 minutes + prolongement éventuel)

1) S’installer dans une configuration spatiale qui permette l’écoute et l’expression, donc plutôt en cercle.

2) Expliquer ce qu’est ce moment : on va réfléchir à une question pour laquelle il n’y a pas une seule réponse, mais plein de réponses et chacun d’entre vous a la sienne. Il n’y a donc pas de réponse juste ou fausse. Rappeler quelques règles dans la prise de parole : on respecte les paroles de chacun ; on ne se moque jamais : on a le droit de ne pas être d’accord avec un autre et alors, on explique pourquoi ; on prend la parole en levant la main et en ayant le bâton de parole ou le dictaphone en main.

4) Proposer une question (exemple : « C’est quoi la liberté ? »), prendre 30 secondes de réflexion silencieuse et l’échange peut démarrer pour 10 à 15 minutes. L’enseignant n’interviendra que pour recentrer le débat, demander une reformulation ou une explication. Il ne donne pas sa réponse à la question.

5) Nous pouvons prolonger ce temps par un moment d’écriture individuelle dans un cahier consacré aux ateliers de « philosophie ».

En savoir plus :

http://pedagost.over-blog.com/article-ils-pensent-donc-ils-sont-103389304.html

Une possibilité de programmation sur l’année

Cette programmation a l’avantage de distinguer les périodes où l’on va penser l’ apprendre de celles où l’on va penser les empêchements à apprendre (ce qui va faciliter notre travail d’enseignant).

Période 1 : Rentrée – Toussaint

– Penser l’apprentissage (une séance par semaine par périodes de deux semaines).

Semaine 1 : « Pourquoi apprenons-nous à lire/compter/écrire/mesurer/dessiner…. ? »

Semaine 2 : « Pourquoi certains n’aiment pas lire…. ? » suivi d’un moment de tutorat pour donner envie à lire/compter…)

– Penser la classe (une séance par semaine : Conseil coopératif de classe)

– Penser le monde (une séance par semaine : On répond à la question de la semaine précédente + On choisit la question pour la semaine suivante)

– Penser la condition humaine (une séance par semaine : Atelier de réflexion collective)

Période 2 : Toussaint – Noël

– Penser les empêchements à apprendre (une séance par semaine).

Semaine 1 : Visionnage des scènes de clowns (on regarde la situation initiale d’empêchement, on en discute, on la rejoue pour se l’approprier et on peut aussi chercher des solutions sur scène à cet empêchement.

Semaine 2 : On revisionne la situation initiale puis chaque solution de clowns. Echange sur leur pertinence. Atelier philo à partir d’une des questions des clowns ou non.

– Penser la classe (une séance par semaine : Conseil coopératif de classe)

– Penser le monde (une séance par semaine : On répond à la question de la semaine précédente + On choisit la question pour la semaine suivante)

– Penser la condition humaine (une séance par semaine : Atelier de réflexion collective)

Période 3 : Noël- Printemps

Nous poursuivons dans la lignée de la période 1 (avec « Penser l’apprentissage »)

Période 4 : Printemps – Fin de l’année

Nous poursuivons dans la lignée de la période 2 (avec « Penser les empêchements à apprendre »)